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Et si l’agriculture était un art majeur à l’égal de la peinture et de la musique !


Ainsi finissait l’article précédent sur l’agriculture durable :

Non, le progrès agricole ne va pas tuer l’humanité, il engraisse seulement une poignée au détriment des populations, de la très grande majorité, mais c’est tout, c’est son seul progrès, d’avoir engendré encore plus d’inégalités et d’iniquités. Un fiasco économique, social et écologique qui soulève cette question : pourquoi continuer à investir dans cette agriculture abusivement qualifiée de conventionnelle ?

Quant à la permaculture, elle prêche que ses revenus agricoles seraient 10 fois supérieurs à l’agriculture « conventionnelle ». Mais de tous les jardins revendiqués en permaculture que j’ai visité ces dernières années, à part celui de Julien et Gaëlle dans le Cantal où elle était palpable, cette abondance tant claironnée était souvent absente dans le meilleur des cas.

La culture de l’oseille

C’est choquant de pénétrer dans un jardin où règne la désolation parce que son jardinier a choisi de faire confiance à la Nature en n’arrosant pas en pleine sécheresse. D’ailleurs, on peut se poser la question : c’est qui la Nature ? Une entité, une divinité ou seulement le milieu où baignent les humains ?

À une certaine époque, on nous obligeait à croire que l’univers tournait autour de la Terre parce que la Terre était son centre. Et de cette idée, est née celle de l’humain au centre de la Nature. Le problème, c’est que notre civilisation continue de croître dessus alors même que cette idée comme celle d’une Mère-nature, outre d’être erronées, sont contraires à la conception écosystémique qui fonde la perma-culture. Bref, dans ces jardins où l’oseille fraîche est cultivée avec la même ferveur que la sonnante et trébuchante, on reste perplexe quant à cette solution d’avenir. Cf. Quel est l’avenir de la permaculture dans le futur de l’agriculture ?

Et que dire enfin de ce juteux business où beaucoup de formateurs, incapables de faire pousser la moindre carotte, transmettent leur savoir-faire à des agriculteurs avides de Savoirs pour changer leur pratiques. Beaucoup ne veut pas dire tous, seulement beaucoup trop. Mais à leur décharge, c’est vrai que les théories les plus fumeuses commencent toujours par enfumer ceux qui les fument. À ce sujet, j’ai publié : L’agroécologie est-elle un attrape-nigauds ?

Revenons à nos moutons, qui a décidé ?

En désespoir de cause et de solutions durables, l’humanité continue donc de brûler jusqu’à épuisement ses dernières énergies fossiles comme ses dernières cartouches. Jusqu’à l’étouffement diront certains ; jusqu’à ce que la plus grande partie de l’humanité meurt de faim diront d’autres. Meurt de faim parce que plus les populations augmentent, plus ses besoins en énergie augmentent, plus elles réclament de calories.

Alors, l’humanité préfère investir dans la technologie et la conquête de l’espace, plutôt que dans la recherche fondamentale. Elle préfère fuir. S’enfuir. Mais ce choix de la fuite en avant, est-il le résultat d’une décision démocratique ? D’une décision commune ou d’une consultation publique ? Non. Jamais, le peuple n’a été consulté a ce sujet ; jamais on ne lui a demandé de choisir entre l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables ; jamais il n’a choisi d’industrialiser l’agriculture et de supprimer l’agriculture paysanne ou de proximité.

Pour les grandes décisions qui engagent l’humanité à long terme, 300 000 ans pour le nucléaire, à l’instar des monarchies absolues, jamais les populations ne sont consultées pour donner leur avis.

Pourquoi ?

D’abord, a-t-on déjà vu un cheval tenir son cavalier par les rênes ? Non, parce qu’il a été dressé pour obéir à son maître. Et dans ce monde, celui qui tient la carotte et le fouet le chevauche.

1000 fois plus de besoins

Une chose est. Sans investissement dans la recherche fondamentale, l’agriculture est une équation qui comporte trop d’inconnues pour être durable vu l’état actuel de nos connaissances. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui nous approchons de la dizaine de milliards alors qu’hier, il y a 10 000 ans, nous étions 10 millions maximum à vivre sur cette planète !

Et concrètement, nos besoins en calories, en énergie et en eau sont 1000 fois supérieurs.

Un système économique défaillant

Reconnaissons qu’en 2017, et en regard à notre ignorance agronomique et écosystémique, le système économique, moteur du développement, ne laisse pas beaucoup d’autres choix que d’exploiter l’énergie musculaire des bipèdes ou les énergies épuisables pour produire de la nourriture. Épuisable puisque la transformation de la matière organique en pétrole réclame plusieurs millions d’années !

Quant aux énergies vertes, c’est de la poudre aux yeux. Combien faut-il d’énergies fossiles pour fabriquer des panneaux solaires aux rendements bas, au coût élevé et à la durée de vie finalement brève ? Outre d’utiliser des matériaux polluants comme le mercure ou le silicone, la production de silicium est énergivore et polluante comme le souligne ce document du CNRS.

Et que dire enfin de l’annonce de l’actuel ministre d’État en charge de la transition « écologique » qui, pris dans la tourmente le mois suivant sa nomination, annonce pour 2040 la fin des voitures à énergies fossiles pour les remplacer par des voitures propulsées à l’énergie nucléaire ! Est-ce un progrès ? Et demain, qui empêchera son successeur d’annuler cette mesure trop précipitée pour la reporter en 2080.

Monsieur Hulot aurait pu dire :

Nous taxons maintenant les voitures qui consomment plus de 6 litres au 100, et dans 3 ans, tous les gros 4 X 4, grosses berlines et autres voitures énergivores seront interdits. Il aurait pu dire, nous allons taxer les familles qui vivent dans des logements de plus 200 m² car elles sur-consomment inutilement. Mais il ne l’a pas dit.

Dire n’est pas agir

Bref, c’est notre consommation globale d’énergie qu’il faut revoir à la baisse. Mais qui est prêt à supprimer l’eau chaude ou l’électricité de son logement ? Qui est prêt à passer toutes ces longues soirées d’hiver à la lueur d’une bougie…

D’autant qu’en supprimant l’électricité, on supprimerait aussi la tronçonneuse. Pourquoi la tronçonneuse pour couper le bois qui produit de la chaleur et de la lumière ? Parce qu’elles balancent tous les ans dans la nature des milliers de litres d’huile à cause de leur système de graissage hérité des machines du 19eme siècle… Je râle, je râle, mais en effet, votre beau chalet en bois écolo en prend un sacré coup, d’autant plus que ses bois ont été débardés avec des engins énergivores qui massacrent littéralement les écosystèmes forestiers.

Un bond en arrière

Brûler toute la matière organique carbonée emprisonnée dans le sol revient donc à relâcher à l’air libre le carbone présent dans l’atmosphère avant l’époque du carbonifère et des dinosaures, quand l’air était irrespirable pour nous. Irrespirable car incompatible avec notre système de respiration puisque notre corps est réglé sur un mélange d’air, très précisément dosé à 21 % d’oxygène et 78 % d’azote. Comme le ver de terre commun et les champignons !

Et c’est justement parce que le taux de CO2 a diminué dans l’atmosphère il y a 500 millions d’années, que la vie a pu se développer sur la terre ferme. Mais pas d’inquiétude, nous ne retournerons ni vivre dans les océans ni sous la terre, les « maîtres du monde » nous vendront l’air en bouteille ! Ils ont bien privatisé l’eau potable pour en faire une marchandise sans que personne ne bronche, alors pourquoi pas l’air ?

Le réchauffement climatique est-il naturel ?

Il est naturel si la vie est un éternel recommencement… Et la France, grande donneuse de leçon sur les émissions de CO2, ferait mieux de balayer devant sa porte avec ses vieilles centrales à charbon et à pétrole, et ses déchets nucléaires dont elle ne maîtrise rien : ni le recyclage ni le stockage à long terme. Bravo.

Rappelons-nous qu’au milieu des années 80, le Gouvernement français avait affirmé que tous les problèmes liés à la gestion des déchets seraient totalement résolus avant 2014. Sauf qu’en 2017, nous sommes toujours au point mort ! Sans solution. Et finalement, le nucléaire d’être l’énergie la plus chère et la plus polluante, une cherté léguée aux générations futures.

Qui décide ?

Qui décide et qui a décidé de ce lègue à nos enfants ? Pas vous, pas moi. Et pourtant, cette bombe à retardement est bien réelle. Quant à ceux qui ont décidé, le personnel politique, il s’en lave les mains. Bravo.

Les « maîtres » ont coutume de dire que le peuple est souverain, comme pour suggérer qu’ils n’en seraient que les vassaux. C’est vrai que le peuple aime être flatté, néanmoins, c’est qui le souverain du personnel politique ?

CONCLUSION

Pour finir sur l’agriculture, si les animaux sauvages et domestiques n’ont rien gagné à sa modernisation, les humains n’ont rien gagné de plus. Sauf les actionnaires, ces parasites silencieux sans état d’âme pour la condition humaine.

L’humanité a foncé tête baissée dans le progrès, et les blessures profondes qu’elle s’est infligée ont bouleversé notre civilisation. Et quand je découvre que nous devons tout cela à la Grande faucheuse, cette figure mythique de la mort, je me refuse à y voir un quelconque signe annonciateur…

En effet, quand la faux a remplacé la faucille pour les foins et les moissons, elle a permis au paysan de se relever et de ne plus courber l’échine tout en augmentant considérablement ses rendements. Mais en moissonnant 4 fois plus vite qu’avec une faucille, elle a économisé des bras mais privé de travail beaucoup de journaliers agricoles…

C’est toujours le revers du progrès que d’exclure en premier les plus démunis ou les moins armés.

Et selon les observateurs, la faux a rencontré à l’époque beaucoup d’hostilités, au point de n’être toujours pas utilisée pour moissonner dans certains départements français encore au milieu du 19eme siècle… Un problème social plus qu’une résistance au progrès car pour la fenaison, elle a été très vite adoptée.

Mais l’outil qui va sceller la révolution agricole et changer radicalement notre conception de l’agriculture, c’est la faucheuse à sections. Parce qu’avant, avant ce premier outil mécanique et comme je l’ai développé dans mesSources de la permaculture, l’agriculture était considérée comme un art majeur :

« Il avait raison celui qui a dit que l’agriculture est la mère et la nourrice des autres arts » Xénophon, philosophe de la Grèce antique.

« Il n’est nul art au monde auquel soit requis une plus grande philosophie qu’à l’agriculture. » Bernard Palissy

« L’invention des autres arts fut donc nécessaire pour forcer le genre humain, de s’appliquer à celui de l’agriculture. » Rousseau

Le premier de tous les Arts, c’est l’agriculture.

Dictionnaire de l’Académie française, 1ère Édition. 1694

Et cette conception de l’agriculture, ce design, a permis de conserver la fertilité des sols et la biodiversité pendant une bonne douzaine de millénaires ! Et la nouvelle, celle portée par l’agriculture « conventionnelle », les a réduit à néant en moins de 50 ans. À méditer.


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